vendredi 25 juillet 2008

Bucketman


4:15 a.m. Le réveil sonne, on tente de se dé-zombiéfier et on se lève. D'habitude quand on se lève à cette heure là c'est qu'on a un avion à prendre ou bien qu'on s'en va faire quelque chose de ben ben excitant. Ben nous autres, encore une fois, on est allés attendre en file au bureau de l'immigration.

Métro de Varsovie, 5:02 a.m. Le premier train arrive et nous nous traînons jusqu'au bureau où attendent déjà une vingtaine de personnes. L'un d'entre eux était plutôt malin: le petit monsieur vietnamien que vous voyez sur la photo a trouvé un moyen bien efficace de passer les 3 heures d'attente avant l'ouverture des bureaux. Nous l'avons surnommé "bucketman". Comme le chantait Elton John en 1972: "And I think it's going to be a long, long time... I'm a bucketman..."

Les nouvelles sont bonnes: je n'ai pas besoin de sortir du pays la semaine prochaine car ils vont me donner un visa procédural en attendant que j'obtienne mon vrai permis de résidence. D'après moi, je n'aurai besoin que d'une seule autre visite à cet endroit maudit pour avoir la paix pour la prochaine année. Pour vous donner une idée de ce qui se passe dans ces bureaux, je vais laisser la parole à Astérix:


Ces temps-ci, on peut trouver des tournesols complets dans les kiosques à fruits. J'avais jamais vu ça. On va y goûter ce soir...


jeudi 24 juillet 2008

Animal aquatique nocturne

J'ai les deux premières saisons du "Coeur a ses raisons" dans mon disque dur externe et je compte bientôt me les retaper en buvant une bonne Piwo Żywe question d'avoir une petite dose d'humour québécois. Je suis récemment tombée sur ce petit extrait qui m'a rappelé plein de bons souvenirs.

Arthur est maintenant capable de dire "animal aquatique nocturne" en français. Je prends ma revanche pour tous les mots inutiles qu'il m'a appris en polonais. À mon tour de faire des expériences linguistiques!

J'ai réalisé quelque chose en discutant avec une de mes étudiantes cette semaine. Elle me parlait de son année d'échange au Montana: "J'ai commencé à m'ennuyer de ma famille et de mes amis après trois mois. Ma vie semblait normale, la routine s'était installée, mais j'ai réalisé qu'il manquait des gens."

Aah, c'est ça!

dimanche 20 juillet 2008

Petites scènes du quotidien

Bientôt 4 mois que je suis ici. Il y a une deuxième brosse à dents sur ma tablette dans la salle de bains et je promène un chien sur la rue Marszałkowska.

Agrandir le plan

Le matin, je prépare mon café "à la turque", comme ils le font dans les Balkans. En attendant de retourner en Serbie pour que je m'en procure une, on m'a prêté une džezva (petite cafetière en métal) dans laquelle je mets quatre grosses cuillèrées de café moulu et de l'eau presque jusqu'au bord. Je porte le tout à ébullition sur le poêle, j'attends une ou deux minutes, je le verse dans les tasses et j'ajoute un peu d'eau chaude. Intense, efficace, noir, merveilleux.

J'ai un poêle au gaz. J'ai peur du feu. Vous imaginez les reste. Si quelqu'un invente un briquet de plus d'un pied de long, svp veuillez m'en faire part.

J'ai un nouvel élève. Futur politicien, tout juste entré dans la vingtaine et membre de Unia Polityki Realnej, un parti politique ultra-conservateur admirateur du parti Républicain aux É-U, défenseur du libre-échange et apôtres de Ronald Reagan. Je suis en train de me taper le discours inaugural que M. Reagan a fait lors de son entrée au pouvoir en 1981. Après, ce sera au tour de Margaret Thatcher et de son éloge télévisée à feu monsieur le Président après la mort de ce dernier. Qu'est-ce que je ne ferais pas pour mes élèves...

Mais même si je ne suis pas d'accord avec la plupart des opinions de cet élève, nos leçons sont très intéressantes. Avec lui et avec tout mes autres étudiants, je dois constamment rester à l'affût de ce qui se passe dans l'actualité et tenter de pointer ce qui risque d'intéresser chacun d'entre eux. Je crois que je suis la personne qui apprend le plus là-dedans.

Après 3 semaines d'interminable attente, j'ai enfin internet chez moi depuis 2 semaines. Je me sens un peu moins déconnectée et je découvre les joies de Skype qui me permet d'appeler ma famille et mes amis pour moins de 0,03CAD$/minute. Bien que ma grand-mère m'ait dit cette semaine que "l'internet, c'est le diable", elle semblait bien contente de m'entendre même si ma voix passait par cet endroit diabolique. J'ai aussi retrouvé les joies de lastfm, site auquel je suis , je l'avoue, accroc et qui me permet de découvrir des tonnes de nouvelle musique.

Tranquillement pas vite, on s'habitue à la vie ici. Des trucs qui semblaient difficiles il y a 3 mois font maintenant partie de la routine. Quand je dois commander quelque chose au comptoir de l'épicerie, mes phrases finissent toutes par des points d'interrogation parce que je ne sais jamais comment décliner mes mots. Une poitrine de dinde? Quatre saucisses? 500 grammes de fromage? Hein? Est-ce que c'est ça que je veux?

C'est dimanche soir. Presque minuit. Vous, à Montréal, vous êtes en train de souper ou de prendre un apéro sur St-Denis. Moi, j'men va m'coucher!


samedi 5 juillet 2008

Trois techniques pour immigrer en Pologne avec succès

Bienvenue dans un autre épisode de "Annie et l'immigration polonaise". Je vous avais quittés la dernière fois en vous disant que j'aurais ma réponse le premier juillet. Ben le premier juillet, c'était mardi. Ma réponse, je l'ai pas. Mardi matin, nous sommes arrivés un peu plus d'une demi-heure avant l'ouverture des bureaux et nous sommes tombés sur une file monumentale. Notre mission: prendre un numéro dans la lettre B au premier étage et attendre qu'il s'affiche pour avoir un papier stipulant que j'ai le droit d'habiter en Pologne. À 8:05, nous avions le numéro B136 en main. À 10:15, ils étaient rendus à B023. À 10:20, nous étions dans le métro, en route pour la maison. Vendredi matin, nous n'avons pas pris de chance et nous nous sommes levés à 5:00 pour être en file un peu avant 6:00. Une quarantaine de personnes attendaient déjà. Deux heures nous séparaient de l'ouverture des bureaux alors Arthur et moi avons profité de ce beau matin ensoleillé dans la vieille ville de Varsovie pour faire quelques observations sociologiques, toutes aussi frustrantes les unes que les autres.

Premièrement: le début de la file au bureaux de l'immigration est toujours constitué de 5-6 clochards qui ont passé la nuit là et qui, encore saouls, tentent de vendre les premières places à ceux qui veulent bien contribuer à rendre ce pays un peu plus corrompu. L'été, c'est 100 złotys (50$) et l'hiver, quand il fait froid, c'est 300 złotys (150$). Voici un dialogue entre Arthur et la russe-à-la-sacoche-d'argent que nous avons vue galopant allègrement vers l'avant de la file accompagnée d'un vieux soulon:
A: À quelle heure es-tu arrivée ce matin pour pouvoir passer aussi vite?
R: À 4:00 a.m
A: C'est la seule façon d'avoir une aussi bonne place?
R: Non, on peut aussi acheter une place.
A: Ah! Alors tu as acheté ta place?
R: *petit air gêné* Oui, j'ai acheté ma place.
Femme assise à côté de la russe: Voyons, tout le monde sait que c'est comme ça que ça fonctionne!

Oui, c'est comme ça que ça fonctionne. Certains font l'effort de se lever aux petites heures du matin et d'autres, pour 100 zl., se la coulent douce et préfèrent payer des vieux alcoolos pour leur garder une place bien chaude (mauvais jeu de mots) tout à l'avant de la file. Appelons cette technique "la technique russe".

Deuxièmement, il y a la technique vietnamienne. Une personne se lève de bonne heure pour garder une place en file pour le reste de sa famille qui arrivera à 7:45. Tous les autres viennent de reculer de 10 places.

Finalement, la technique mexicaine. Arthur et moi avons finalement eu le numéro B082; nous avions donc de petites chances de passer avant le fermeture à 15:00 alors nous sommes restés. Vers midi, nous entendîmes un petit "Que pasa?" venant de notre droite. Des mexicains qui voulaient socialiser. Après quelques introductions, nous leurs demandons leur numéro et l'heure à laquelle ils sont arrivés. Leur réponse: numéro B042 et 7:00 am. Et nous: B082 et 6:00 am. Problème. Nous avons discuté de cette situation avec une bonne-soeur qui attendait depuis 5:30 am et, avec un sens de l'humour terriblement parfait et si innatendu elle conclut: "mais c'est un miracle!"

Citons l'explication mexicain numéro 1: "Il faut que vous sachiez comment ça marche! Pas besoin d'aller à l'arrière de la file! Vous avez juste à attendre à côté et vous faufiler dedans lorsqu'ils ouvrent les portes!" Ben oui toi! Pourquoi on n'a pas pensé à ça! À bas le respect, j'suis pas dans mon pays après tout! Nous avons essayé de les convaincre de nous payer une bière pour qu'on puisse les pardonner, mais étrangement, ils n'ont pas voulu. Peut-être aurions-nous dû essayer de convaincre la russe; elle avait de l'argent après tout... Les mexicains ont dû partir avant que leur numéro apparaisse et ils nous ont donné leur B042. Une demi-heure plus tard, nous étions dans le bureau....

... pour me faire dire qu'il n'y avait aucun papier à mon nom et s'il-vous-plaît attendez dans le corridor quelqu'un va descendre vous dire ce qui arrive. Quelques minutes plus tard, quelqu'un est arrivé avec une feuille listant les documents qu'il me manquait et dont je n'avais jamais entendu parler. Par chance, je suis tombée sur un monsieur qui m'avait aidé la dernière fois et qui a fait les appels nécessaires pour me dire exactement quelles sont les prochaines étapes à franchir. C'est très décourageant, mais je dois dire que je suis un peu chanceuse dans ma malchance.

Mon visa de 3 mois expire le 5 août. La première fin de semaine d'août, on va aller faire un petit aller-retour à Lviv en Ukraine, question de faire étamper mon passeport et de légaliser ma présence en Pologne. Comme l'a dit un grand roux pince-sans-rire employé de l'immigration: "Nous voulons que vous votre séjour en Pologne soit légal. La façon dont vous le légalisez, on s'en fout."