mercredi 21 mai 2008

Et ça continue…


(écrit le 20 mai) D’autres papiers se sont ajoutés à ma liste de documents à obtenir avant la fin de la semaine prochaine. C’est un peu décourageant. Il y a une grande demande de professeurs d’anglais en Pologne, ils devraient rendre la tâche un peu plus facile à ceux qui daignent quitter leur pays pour y répondre. Demain matin, je dois aller faire traduire mes diplômes dans un bureau de traduction certifié et je dois ensuite me rendre de l’autre côté de la rivière (genre, à Longueuil) pour obtenir (lire : « acheter ») un certificat qui prouve que je ne suis pas une criminelle. En tout cas, les Polonais parmi vous peuvent être rassurés, ils ne laissent pas entrer n’importe qui dans votre pays!

Je suis passée chercher des papiers chez Berlitz (l’école où je vais travailler) cet après-midi et, de façon très inattendue (comme bien des choses qui se sont passées ici depuis mon arrivée), j’ai eu la chance d’exploiter mes talents d’actrice. En effet, on m’a choisie (lire : « on m’a poussée dans la classe avec un grand sourire ») pour jouer le rôle de « étudiante no.2 » dans un reportage sur je-sais-pas-quoi qui va passer samedi soir à la télévision polonaise. Je travaille maintenant sur une nouvelle signature stylisée pour les tonnes de demandes d’autographe que je recevrai la semaine prochaine.

En dehors des heures d’ouverture des édifices gouvernementaux, le temps est un peu long ces jours-ci. Ma coloc est toujours soit au travail, soit chez son copain. Elle passe à l’appart pour manger, se laver et pour promener son chien. Mais bon, quand on a le temps de se parler, elle est très sympathique! Et le chien… il semble totalement déprimé. Il passe son temps à errer entre l’entrée et la chambre d’Iwona, ne venant me voir que lorsque je manipule quelque chose qui est ou qui semble mangeable. Arthur, ma principale source de distraction, est toujours en train d’errer dans les Balkans et il sera de retour à Varsovie vendredi matin. Can’t wait… Sinon, euh, toutes les autres personnes que je connais ne sont pas des immigrants canadiens et ils ont ce que l’on pourrait appeler une vie normale, qui les oblige à travailler un certain nombre d’heures dans la journée.

Nous n’avons toujours pas internet à l’appartement alors je me sens un peu déconnectée. Pour me distraire, j’ai commencé à réécouter les meilleurs moments des trois premières saisons de « The office » et j’essaie d’apprendre à jouer d’une petite flûte double que j’ai achetée pour 12 euros au Monténégro. Le problème, c’est que le sculpteur n’a pas vraiment pris la peine de s’assurer que les deux parties de cette fameuse flûte étaient accordées ensemble. Le résultat est un peu atroce. De là le 12 euros. Ah oui, et j’ai aussi eu le temps de me faire une de ces pédicures! Mes pieds n’ont jamais eu autant d’attention de toute leur vie. Je les sens un peu surpris, mais très heureux.

dimanche 18 mai 2008

… dans les teintes de brun, beige et saumon.


Voilà, c’est fait. J’ai maintenant ma propre adresse à Varsovie. Ce fut le déménagement le plus simple et le plus court de toute ma vie. Ania et moi avons pris mes deux valises, mon sac à dos et mon laptop et nous avons appelé un taxi. Quinze minutes et 20 złotys plus tard, j’étais dans mon nouvel appartement et 30 minutes plus tard, j’avais fini de m’installer. Ma chambre est ridiculement immense pour le peu d’effets personnels que j’ai à y mettre. Je prendrai des photos bientôt pour vous donner une idée du magnifique design d’intérieur dans lequel je vis… tout droit sorti des années 80! D’après Arthur, l’appartement fait très « post-communiste » avec son mobilier hétéroclite dans les teintes de brun, beige et saumon.

Il y a dans ma chambre une immense unité murale décorée de magnifiques plantes araignées qui pendent presque jusque par terre. Mon verdict : c’est vraiment laitte des plantes araignées! J’ai des beaux draps fleuris, une couette réversible qui me laisse le choix entre rose bonbon et jaune moutarde et une magnifique couverture avec un gros tigre dessus. Mais bon, je le prends en riant et je réussis à trouver un certain charme à mon nouvel environnement. L’appartement est situé dans la partie sud du centre-ville. Je peux faire presque tout à pied et je suis à 15 minutes de l’une des principales intersections de la ville. J’ai 5-6 tramways au coin de la rue et si je marche encore un peu, j’arrive directement dans le métro. Petit quiz : combien de lignes de métro y a-t-il à Varsovie? Place your bets…allez…allez… et la réponse est : une.

Comme je le disais dans une précédente chronique, j’habite avec une coloc, Iwona, et son berger allemand, Yoki, qui est apparemment épileptique, pauvre pitou. Iwona parle bien anglais, mais elle rush un peu alors ça va me forcer à me débrouiller en polonais, question de faire des efforts moi aussi.

Nous n’avons pas encore internet à l’appartement alors je vous écris présentement en direct d’un café internet rempli d’adolescents boutonneux qui s’amusent à tuer des zombies ou à faire courser des petites autos. Pas très inspirant comme endroit alors pardonnez mon écriture un peu décousue… j’ai l’impression que mon sarcasme est un peu mou aujourd’hui. En plus il fait gris dehors et je m’emmerde un peu… rien de prévu aujourd’hui. Demain, la chasse aux papiers d’immigration recommence. J’en ai probablement pour le reste de la semaine à courir après des documents, yay...


jeudi 15 mai 2008

La grosse tortue et les bébés chinois

Si jamais vous venez me visiter (vous êtes vraiment les bienvenus en passant), il va absolument falloir qu'on fasse un petit tour au bureau de l'immigration. Je vous jure, c'est une attraction phénoménale, surtout par un beau jeudi après-midi ensoleillé! Un long corridor gris bordé de chaises en plastique rempli de gens de toutes les origines qui attendent pendant des heures que leur numéro s'affiche à l'écran. Il y a aussi plein de petits bébés chinois qui courent partout et qui bavent sur les passeports de leurs parents. Il faut faire attention à ces bébés chinois, car ils sont spécialisés dans le vol de yogourt, j'en parle en connaissance de cause. 

J'ai commencé mes démarches pour obtenir ma carte de résidence temporaire. Le bureau de mon quartier m'a donné un formulaire à remplir, mais pour remplir ce formulaire, j'ai besoin de compléter un autre formulaire qui, lui, n'est pas disponible à ce bureau, mais deux stations de métro plus loin. Entre temps, on court à l'école pour obtenir une lettre de recommendation, on photocopie 1000 fois son passeport, 40 fois son bail, on se fait belle pour une séance de photo dans un chic photomaton, on assiste à une petite cérémonie d'initiation vaudoue, on y laisse un échantillon de sang et une mèche de cheveux, on joue à vérité ou conséquences avec une congrégation de bonnes soeurs et on escalade le palais de la culture sans harnais. Bon, bref, c'est long, chiant et compliqué, mais je suis incroyablement zen par rapport à tout ça.  J'ai pas traversé l'Atlantique pour rien, moi! Alors je ne me laisserai pas abattre par un peu de paperasse. Oh, et d'ailleurs, personne parle anglais dans tous ces beaux bureaux! Ça s'appelle, on sort notre vocabulaire de 50 mots, on pointe et on gesticule. À date, ça marche.

Maintenant pour la chronique "Annie au quotidien": J'ai assisté à une soirée de poésie hier soir. Deux heures de poètes polonais... en polonais. Mais je me suis rendu compte que j'ai probablement beaucoup plus apprécié le "spoken-word" polonais que le français ou l'anglais. Pourquoi? Parce que je n'ai rien compris de ce qu'ils racontaient et j'ai seulement écouté la sonorité de la langue et le rythme des mots. (Je me donnais un point à chaque fois que je pouvais comprendre quelque chose). Si j'avais pu tout comprendre ce qu'ils disaient, j'aurai sûrement pogné les nerfs... :)

Je m'ennuie un peu de parler français. Je vous jure, si jamais je rencontre des québécois ici, je vais me les accaparer pendant un bon bout de temps pour avoir ma dose! Petite anecdote: pendant que j'attendais au bureau de l'immigration, j'ai passé à travers les 5 saisons d'Harmonium dans mon ipod. C'était un drôle de feeling d'écouter cet album culte québécois en se préparant à immigrer temporairement dans un autre pays.

lundi 12 mai 2008

The dudes


Depuis près de trois semaines (bon, ok, j'en ai passé une à l'étranger), une équipe de maçons travaille sur la façade du bloc où j'habite temporairement avec Ania W. Dès 7h a.m, je peux donc admirer ces adonis polonais, torse nu, bien poilus, se geulant instructions et injures d'échafaud en échafaud. Tout ça agrémenté d'un doux fond de scie ronde et d'une merveilleuse odeur de peinture. De "gris épuisé", ce bloc, merveille de l'architecture communiste, est en train de prendre une jolie couleur "sorbet à l'orange". Tout un contraste...

Dans un autre ordre d'idées, ce fut mon baptême de l'enseignement aujourd'hui. J'ai donné un cours d'anglais dans une compagnie spécialisée dans la vente de cables de télécommunication. Mes élèves étaient vraiment gentilles et elles ont bien embarqué dans le sujet. J'étais un peu nerveuse, mais j'imagine que je vais prendre confiance avec le temps. Si je veux rester ici et avoir de quoi payer mon appart, va falloir que je m'y fasse!

Arthur est parti pour 2 semaines au Kosovo afin de faire des recherches sur les communautés non-albanophones de la région. J'ai très hâte d'entendre ses histoires à son retour. Il a passé la frontière aujourdhui et a bien fait rire un policier serbe en tentant de s'en tirer avec sa carte étudiante. Évidemment, ils ont exigé son passeport.

samedi 10 mai 2008

À la demande générale...

Bon, à tous ceux qui voulaient me voir la face sur des photos, je vous prouve ici que j'ai bel et bien fait ce voyage! C'est difficile de prendre des photos de soi-même quand on est derrière la caméra. Remercions donc Kasia pour ces clichés :)

Avec Arthur, dans un parc à Budapest.

Jan, Arthur et moi à Budapest.

Dans une petite rue d'Ohrid.

Vertige et coup de soleil. Bar, Monténégro.

Deux cocons dans un champ en Hongrie.

Pour ceux qui sont visuels


Agrandir le plan

Voici un aperçu de notre itinéraire. Je pense que ça ressemble à ça.

vendredi 9 mai 2008

Balkan road trip part 8: Le retour


Janek et son incroyable patience se sont assis ensemble au volant et ont entrepris la lourde tâche de nous ramener à Varsovie. Nous avons zigzagué une bonne partie de la nuit dans les étourdissantes routes du Monténégro et nous nous sommes arrêtés pour dormir pendant quelques heures en chemin. Certains sont restés dans l'auto, mais Arthur et moi avons sorti les sleeping bags et les matelas de sol. Faut profiter de toutes les occasions qui passent pour dormir à la belle étoile. Dernier déjeuner en plein-air dans une plaine nuageuse en Serbie et nous avons roulé jusqu'à Belgrade pour reconduire Noni, sauter dans la douche (quel soulagement!) et dormir encore un peu avant d'entreprendre les 1000 kilomètres qui nous séparaient de Varsovie.

Lundi le 5 mai aux petites heures du matin, nous traversions la frontière Serbie-Hongrie pour retourner officiellement dans l'espace Schengen. J'ai vécu le reste du trajet un peu comme si j'étais dans une autre dimension, à la fois un peu déçue que tout soit fini, mais tellement heureuse de l'avoir vécu! Nous sommes arrêtés pour dîner chez la famille de Jan dans les montagnes au sud de la Pologne et nous sommes arrivés à Varsovie vers 19h, fatigués, sales, heureux de pouvoir prendre une vraie douche, mais à la fois un peu nostalgiques des six dernières nuits passées dehors. 

Et me voilà donc de retour dans la capitale polonaise. Je commence à enseigner lundi matin et je déménage le samedi d'après dans mon nouvel appartement. Je pense que Varsovie m'aime bien. Je n'ai que de la chance ici depuis que je suis arrivée. Everyting seems to be falling into place. Yeah, everything.

Balkan road trip part 7: Monténégro

Avant d'en arriver à notre exploration du Monténégro, je voudrais revenir en Macédoine pour vous raconter une petite mésaventure qui s'est passée à Ohrid et que j'ai oublié de mentionner. Lorsque nous sommes revenus de notre longue marche dans la ville, nous avons constaté que notre pauvre Volvo n'était plus du tout où nous l'avions stationnée. Ahem... petit pincement au coeur, légère panique, on demande des informations à un policier qui gambadait joyeusement dans les environs, il passe un petit coup de téléphone et nous informe que notre véhicule a "peut-être" été remorqué jusqu'à un poste de police. Nous nous sommes donc entassés les cinq dans un taxi et, miracle, notre précieux bolide nous attendait dans le stationnement du commissariat du quartier, soupirant de désespoir à l'idée d'avoir perdu ses passagers et d'être abandonné là tout seul avec tous nos bagages. Après d'intenses retrouvailles et un petit billet glissé dans la main du gardien, nous nous en sommes sortis sans contravention, probablement parce que nous étions de beaux et innocents étrangers et que nous n'avions vraiment aucune idée que la rue où nous nous sommes stationnés allait voir passer les limousines des présidents des pays d'Europe centrale cet après-midi là. Pas question de mettre une vieille Volvo bleue dans leur champ de vision, quelle horreur!
Alors donc, retournons maintenant au Monténégro. Le soleil s'est levé sur notre petite colline, d'où nous pouvions aperçevoir d'un côté, la mer Adriatique et de l'autre, d'impressionnantes montagnes. Nous avons tout d'abord visité la ville de Bar, un petit paradis situé directement sur la côte, sous un soleil toujours aussi fort qu'en Macédoine.
À l'heure du dîner, j'ai vécu mon premier et dernier réel traumatisme du voyage, lorsque le cuisinier du restaurant où nous nous sommes arrêtés m'a obligée à finir mon assiette de cevab, kebab, whatever that's called (Arthur?). ok, quelques morceaux ça va, mais je ne sais toujours pas comment les gens là-bas font pour engloutir tout ça et se dire qu'ils ont pris on bon repas. J'aurais tué pour une salade.
D'après vous, quelle est la meilleure chose à faire quand on vient de manger une chose pareille? Un saut dans la mer Adriatique bien sûr! :) Sur le chemin entre Bar et Kotor, la prochaine ville sur notre itinéraire, nous avons déniché cet endroit presque désert (à part pour une plage nudiste, mais ça on s'en est rendu compte quand on était dans l'eau et qu'on pouvait observer le rivage de loin... de loin, heureusement.) Ah, c'était tellement génial! Je ne me souviens pas de la dernière fois que j'ai nagé dans la mer, ni de la dernière fois où je me suis sentie aussi légère. Y'en a pas d'problème quand tu flottes là-dedans! 
Il a bien fallu sortir de là et continuer notre route vers Kotor, ville située un peu plus au nord, au fond d'un grand Fjord. Ce fut le dernier arrêt sur notre itinéraire avant d'entreprendre le retour vers Varsovie et ce fut réellement une belle conclusion. Nous avons marché au hasard dans de vieilles rues bordées de pittoresques édifices, de terrasses et de palmiers. Et puis, pour ajouter à son charme, cette ville est remplie de chats! (Bon, les odeurs sont moins charmantes, mais ces petites bêtes sont tellement mignonnes...) Nous sommes ensuite montés tout en haut du château fort qui surplombe la ville et, croyez-moi, l'effort physique de grimper pendant presque une heure sur des escaliers en pierre à moitié démolis en vaut totalement la peine, surtout au coucher du soleil! Ce fut un moment extraordinaire :)

Descente vers la ville. Soleil couché. Dernier Burek. Petite bière. Quelques petites folies. Montés dans la voiture et mis le cap sur Belgrade.


jeudi 8 mai 2008

Balkan road trip part 6: Albanyiiiish!

Nous avons quitté la paradisiaque Ohrid en fin d'après-midi et nous nous sommes dirigés vers la frontière albanaise. Une fois arrivés dans le no man's land entre les deux pays, les très honnêtes douaniers ont essayé de nous sous-tirer de l'argent en nous faisant croire que Noni, en tant que Serbe, avait besoin d'un visa pour entrer dans le pays, ce qui est totalement faux. Ils ont tenté de soutenir leur argument à l'aide d'une feuille datant d'au moins 10 ans affichée sur un mur tout jauni dans leur petite cabane. Mais grâce à Arthur et à son argumentation infaillible, ces gros imbéciles se sont rendu compte qu'ils avaient affaire à des gens intelligents et informés. Tout de même, Noni et moi avons dû payer chacun 1 euro (?!) pour entrer dans le pays, tout en insistant pour ravoir notre change pour le billet de 5 euros que nous avons donné. Bienvenue en Albanie.
Une fois la frontière traversée, le paysage a changé drastiquement. Sur les 5-10 premiers kilomètres en entrant dans le pays, le sol est jonché de bunkers qui ont poussé comme des champignons pendant la guerre froide, dans un élan de terreur nucléaire. Les maisons sont à moitié construites, il y a de la poussière partout, des ânes en liberté sur l'autoroute et des vaches cachées dans les fossés. 
Mais je dois avouer que l'Albanie est remplie de paysages spectaculaires. Nous roulions dans les montagnes sur des routes parfois plus hautes que les sommets voisins. Nous nous sommes arrêtés quelques fois sur le bord de la route pour contempler les environs et pour acheter de l'huile d'olive fraîche (vendue dans des bouteilles de coke!?). Arrivés dans la capitale, Tirana, ville extrêmement sale et moche, nous avons tourné en rond pendant presque une heure avant de réussir à en sortir grâce à des directions obtenues par des gens parlant mi-anglais mi-albanais. Nous avions hâte d'arriver au Monténégro et de s'écraser dans nos sleeping bags en buvant une bonne tasse de thé. Ce que nous avons fait quelques heures plus tard, sur une colline près de la ville de Bar. Encore une fois dormi à la belle étoile sous un ciel sans le moindre nuage.



mercredi 7 mai 2008

Balkan road trip part 5 : Le réveil à Ohrid


Le meilleur côté de se trouver une place pour camper quand il fait noir, c’est d’avoir la surprise de découvrir le paysage où l’on s’est endormi le lendemain matin. La photo ci-dessus a été prise de mon sleeping bag. J’ai ouvert les yeux et j’avais devant moi le lac Ohrid et les montagnes enneigées de l’Albanie. Et dire que des gens paient une fortune pour trouver un hôtel avec une vue comme ça! Nous avons quitté notre colline pour aller déjeuner en ville et devinez ce qu’on a mangé? Des Bureks, bien sûr! Et à midi il fut temps pour une bonne bière locale dans un petit parc sous le chaud et malicieux soleil de Macédoine qui s’affairait à me donner de sacrées brûlures dont je suis encore en train de me remettre.


         Honnêtement, je n’avais jamais entendu parler d’Ohrid avant que Jan et Arthur me disent que cette ville était sur notre itinéraire, mais wow! Quelle ville! L’architecture est sublime et les rues en pente nous donnent des vues extraordinaires sur le grand lac bleu et les bateaux qui s’y promènent. 

 Dans l’après-midi, les courageux Polonais se sont aventurés dans l’eau qui semblait glaciale. J’ai passé mon tour, mais je me suis bien amusée à les voir patauger dans ce grandiose paysage. Après la baignade, il fut temps pour nous de décider quel chemin nous allions prendre pour nous rendre au Monténégro. Nous avions le choix de passer par le Kosovo ou bien par l’Albanie pour arriver près de la ville de Bar et y passer la nuit. Les deux options m’intriguaient et c’est l’Albanie qui l’a emporté. Le Kosovo sera pour une autre fois. Alors voilà, nous avons traversé l’Albanie et ça, ça mérite un nouveau chapitre!

Balkan road trip part 4 : En route vers la Macédoine


Premier mai, fête du travail, nous sommes partis à la recherche d’un marché ouvert dans une Belgrade en congé. Nous réussîmes à concocter un déjeuner passablement nourrissant en combinant des vivres trouvées dans des kiosques à fruits et dans ce qui semblait être la seule boulangerie ouverte dans le quartier. Après avoir englouti le résultat de notre quête, Ivana et son amie nous ont fait l’extraordinaire cadeau d’un petit concert de chant traditionnel serbe. En voici un extrait :

De retour dans la Volvo vers midi, nous avons roulé vers le sud et fait notre entrée officielle dans les montagnes des Balkans. Nous nous sommes arrêtés pour souper sur une petite colline près de la frontière du Kosovo et nous avons pu contempler un magnifique coucher de soleil au-dessus de ce nouveau pays qui cause tant de débats dans la région. Sur cette colline, il y avait un petit cimetière et une chapelle fréquentée par les gens du village voisin. Une dame qui passait par-là avec ses enfants pour prier sur la tombe de son père décédé il y a quelques jours est venue nous donner une bouteille de rakija faite maison ainsi que quelques trucs à manger. Selon la tradition serbe, lorsque quelqu’un décède, on doit offrir des vivres à des étrangers qui doivent boire et manger en l’honneur du défunt et verser quelques gouttes de rakija sur le sol avant de la boire. Et bien, ces étrangers, c’était nous et j’ai trouvé ce moment extrêmement touchant!

Nous avons traversé la frontière avec la Macédoine un peu avant l’obscurité et nous nous sommes dirigés vers Ohrid où nous devions passer la journée du lendemain. Vers 22h, nous avons été victimes d’une spectaculaire crevaison causée par une grosse roche dans le milieu du chemin. Le pneu arrière droit de notre pauvre Volvo a complètement explosé.

Donc, après un petit arrêt d’une vingtaine de minutes pour poser la roue de secours, nous avons franchi les derniers kilomètres qui nous séparaient de la ville d’Ohrid et nous avons trouvé une petite colline pour camper. Ce soir-là, nous n’avons même pas pris la peine de sortir la tente. Aucune chance qu’il pleuve avec un ciel si abondamment étoilé. Nous nous sommes endormis en observant la voie lactée et Arthur a essayé (avec bien du mal) de m’apprendre comment trouver l’étoile polaire. Je pense que je le sais maintenant! Mais j’ai préféré inventer mes propres constellations, c’était beaucoup plus amusant.

Balkan road trip part 3 : Au revoir Schengen, bonjour Serbie!


Mercredi 30 avril au matin, nous avons quitté nos fermiers hongrois et avons roulé en direction de Novi Sad en Serbie où nous devions rencontrer Sonja, une amie d’Arthur, pour prendre un verre avant de se rendre à Belgrade pour dormir. La frontière Hongrie-Serbie fut la première que nous avons passée parce que la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie font toutes partie de l’espace Schengen dans lequel les gens peuvent circuler à leur guise. Donc, première étampe dans mon passeport et petit sourire satisfait, j’étais officiellement en Serbie. Arrivés à Novi Sad, nous avons rencontré comme prévu Sonja et son copain pour explorer la ville pendant quelques heures et manger le premier Burek de notre voyage. Le Burek est une pâtisserie traditionnelle des Balkans qui se compose en gros d’une sorte de pâte à croissants avec du fromage, de la viande ou des épinards à l’intérieur. Vraiment très bon, mais terriblement gras!


En début de soirée, nous sommes remontés dans la Volvo pour nous rendre à Belgrade où nous devions passer prendre Noni, le cinquième membre de notre équipe, et passer la nuit dans l’appartement/bureau de ce dernier. Je n’ai pas vu grand chose de Belgrade car il faisait noir lorsque nous nous y sommes promenés, mais je me promets d’y retourner car cette ville m’intrigue au plus haut point. Noni et sa copine Ivana nous ont emmenés dans un petit bar au centre-ville afin de goûter à différentes sortes de rakija serbe. La rakija est la vodka locale et est disponible en plusieurs saveurs… malheureusement, mon petit estomac n’a pas pu supporter plus de deux gorgées de cet élixir et j’ai dû renoncer à la dégustation par peur de voir tout mon sang se transformer en alcool. À minuit, il fut temps pour notre deuxième Burek de la journée, dans une pâtisserie ouverte 24 heures… ils l’aiment leur Burek, les Serbes! Fait cocasse : en polonais, le mot « Burek » est un nom très commun pour les animaux domestiques, surtout les chiens, un peu comme « Fido » en français. « Bonjour, je prendrais bien deux croissants et un Fido s’il-vous-plaît ».

Ce soir-là, j’ai failli tomber endormie dans mon Burek. Pas habituée de marcher toute la journée et de camper moi! La petite citadine a eu besoin des deux premiers jours du voyage pour s’adapter à ce rythme de vie. Par après tout a bien été et mon air de zombie étourdi par tous ces nouveaux paysages et par l’immersion dans des langues étrangères a laissé place à une énergie quasi-surhumaine, alimentée par de merveilleuses découvertes et par la compagnie de mes camarades de voyage, que j’ai appris à mieux connaître de jour en jour. Ça m’a beaucoup aidé d’entendre parler polonais continuellement pendant 7 jours, mais probablement que j’ai intégré quelques mots en Serbe parce qu’Arthur (monsieur linguistique, je répète) parlait avec Noni dans cette langue qui est très apparentée au Polonais. Bref, ma tête est présentement un gros chaos linguistique, mais vous me connaissez, j’aime ça!

mardi 6 mai 2008

Balkan road trip part 2 : Le départ + Budapest



Nous avons quitté Varsovie lundi le 28 avril vers 21h pour rouler toute la nuit en direction de Budapest. Armé de deux thermos de thé très fort, Janek a passé une belle nuit blanche en traversant la Pologne et les montagnes de Slovaquie, nous menant à bon port le lendemain matin dans une Budapest superbe et ensoleillée. Nous avons fait un arrêt d’une journée dans la capitale hongroise où nous avons marché au hasard dans les rues du centre-ville et de la vieille ville, monté deux collines et fait une sieste sur une île au milieu du Danube.

Le Hongrois est une langue vraiment intrigante : en rien apparenté aux langues des pays qui l’entourent, c’est une sorte d’îlot linguistique au milieu de l’Europe slave et germanique. Des mots de trois pieds de long, une sonorité très bizarre, une grammaire psychédélique… bref, je veux apprendre le Hongrois! Arthur, monsieur linguistique, se débrouille très bien dans cette langue, c’est vraiment impressionnant. Un point pour lui! Donc, après cette première journée, nous avons quitté les lumières de la ville qui, comme nous, tombait de sommeil, et nous nous sommes dirigés vers la campagne où nous avons trouvé un coin tranquille pour camper dans un champ. Bon, le lendemain matin, on s’est rendu compte qu’on était au milieu d’un petit chemin emprunté par les fermiers pour traverser leurs brouettes d’un champ à l’autre. Ces derniers nous ont contournés sans grogner, un peu surpris de nous voir là, mais nous gratifiant toujours d’un cordial « bonjour » et même d’un « bon appétit ».

Balkan road trip part 1 : Commençons par le commencement…

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Depuis que j’ai rencontré Janek et Arthur, leur façon de voyager n’a cessé de m’intriguer : aller-retour Varsovie-Istanbul en cinq jours, trois semaines de camping en Mongolie, du pouce en Iran pour revenir en passant par le Turkménistan et un petit tour en Chine pour ne donner que quelques exemples. Et tout ça, ça se fait en évitant tout ce qui est hôtels et tout ce qui sent trop le touriste. Ils comptent sur l’accueil des gens du « hospitality club », qui, partout dans le monde, sont prêts à offrir une place chez eux à des voyageurs qui désirent voir du pays sans se ruiner. Et lorsqu’il ne leur est pas possible de trouver de telles personnes dans une ville, eh bien ils se dénichent un endroit pour monter leur tente dans un endroit pas trop passant.

Notre périple d’une semaine à travers les Balkans fut donc pour moi une excellente occasion d’expérimenter cette façon de voyager en compagnie de gens qui en ont l’habitude et qui de plus, connaissent très bien la région et les langues des pays que nous avons visités. Mon passeport, nouveau de cette année, qui n’était jusqu’à date marqué que d’une banale étampe reçue à Francfort avant de transférer pour Varsovie, a maintenant passé par la Hongrie, la Serbie, la Macédoine, l’Albanie et le Monténégro. Pendant une semaine, nous avons roulé dans cette région aux paysages surréels, montant et descendant d’impressionnantes montagnes en écoutant de la bonne musique dans la volvo bleue récemment acquise par Janek. Nous étions cinq : Jan, Arthur, leur amie Kasia, Noni (un ami de Belgrade) et moi. Donc, trois Polonais, un Serbe et une Canadienne dans la même voiture… on a laissé quelques douaniers perplexes, mais ce fut un succès total. J'ai décidé de vous relater nos aventures en plusieurs petites parties, pour vous rendre la lecture plus légère.